Une autre histoire du monde
Date : 2023
Lieu : Marseille, France
e parcours scénographique faisait coïncider le fond avec la forme, le public se trouvant en permanence invité à faire un pas de côté, quitter le centre de la carte, perdre le Nord et l’An Zéro. Le concept proposait en effet, le temps de la visite, d’arpenter des histoires dont nous, occidentaux, avons perdu ou oublié la connaissance et le savoir.
La structure même de l’exposition a été entièrement imaginée dans un esprit d’éco-conception et avec un parti-pris fort de réutiliser un maximum l’existant, de ne construire seulement quand cela s’avère nécessaire.
L’exposition était jalonnée de dispositifs forts créant des moments de surprise.
Pour autant le visiteur n’était pas laissé sur le bord du chemin face à des documents pouvant paraître difficilement compréhensibles. La collection était dès lors expliquée de manière claire et didactique par des focus sur certains documents et des infographies qui déploient les connaissances autour d’autres pièces.
Le propos était de parcourir l’Histoire du monde du XIIIe au XXIe siècle en abandonnant la perspective occidentale. À travers sculptures, peintures, textiles, cartes, objets archéologiques, manuscrits et arts décoratifs, cette exposition révélait l’infinie diversité des expériences africaines, asiatiques, américaines et océaniennes. Elle donnait à voir d’autres mondialisations, dont l’Europe n’est pas le seul moteur. Les œuvres présentées permettaient d’appréhender le rapport au temps et à l’espace des sociétés en dehors de l’Europe tout en mettant en lumière leur manière d’écrire l’histoire. Peau de bison lakota, bambou gravé kanak, sarong historié javanais, récit de griot sénégalais témoignaient de l’infinie richesse des historiographies vernaculaires.
Les voyages et les explorations des marchands, pèlerins et savants arabes, asiatiques ou africains qui « découvrirent » des contrées lointaines et produisirent de nouveaux savoirs vont venir bouleverser ces conceptions du monde dites traditionnelles. Les cauris africains comme les cartes de navigation chinoises nous rappellent avec force que la mondialisation fut multipolaire, en Asie centrale, dans l’océan Indien et bien au-delà. Avec le décloisonnement progressif du globe, les Européens eux-mêmes sont devenus les sujets de nombreuses et parfois déroutantes représentations, et le monde un objet de multiples curiosités et d’ambitions encyclopédistes hors d’Occident.
Face au récit européocentré produit par les empires coloniaux à partir du XVIIe siècle, les souverains, les élites et les artistes des autres continents ont cherché à se réapproprier leur histoire, parfois en s’inspirant des pratiques occidentales, pour mettre en scène leur pouvoir ou la résistance anticoloniale. De nouveaux romans nationaux leur permettent aujourd’hui de réécrire leur passé en réinventant leur rapport au monde.
Le Mucem : 1 million 300 000 visiteurs en 2023











